La gare de Magenta n’est pas un endroit comme les autres. C’est un vrai cauchemar. Un piège à voyageur. Je ne sais pas si toute la station est touchée par ce phénomène mais les quais numéros 51 et 53 semblent être le siège d’une malédiction infernale. Il ne se passe pas une journée sans que la maladie du "retard" ou des "problèmes techniques" ne se déclare.
Un comble lorsqu’on sait que la ligne qui les longe n’est autre que la célèbre ligne E. Moderne, rapide, bien que jamais à l’heure, et surtout certifiée ISO. J’avoue rire un peu lorsque je vois les petites affichettes vertes et blanches nous vanter ce mérite sur les murs de certaines stations. Mais qui a donc bien pu avoir un idée pareille?
J’imagine alors un grand escogriffe tout droit sorti des meilleurs écoles de la République, Mines - ENA - Polytechnique… peiner de n’avoir aucune prise, malgré une intelligence réputée infaillible, sur un problème d’algèbre d’un niveau de CM2. Un problème de train...
Un train part de Tournan en Brie à 10h04 du matin. Il doit, pour arriver à destination, parcourir les 52 km de voie ferrée le séparant d’Haussman-St-Lazare. Sachant que la limite d’accueil du réseau est de 16 trains par heure et qu’il est possible d’assurer certains trains, hors heure de pointe, en unité multiple. Que par ailleurs la gare de Tournan en Brie est à quatre voies en impasse et ne permet pas le retournement de plus de quatre train par heure avec, pour chacun, un minimum de 10 minutes d’immobilisation entre deux rotations afin d’effectuer les procédures techniques imposées par la SNCF. Vous calculerez, pour chaque station de la ligne, dans l’hypothèse ou ce train est une unité de type MI2N ou Z22500 pour laquelle l’accès est assuré par des portes d’une largeur de deux mètres chacune sensée fluidifier les échanges montées/descentes (lorsqu’elles ne sont pas condamnées), le nombre de voyageurs supposés embarquer si la rame ne s’arrête que 7,5 secondes. Afin de faciliter le travail les horaires d’arrivée sont considérés comme des variables.
A la lecture de l'énoncé le brillant intellectuel se gratte le front un bref instant (vraiment bref parce qu’il est quand même moins con que toi ami lecteur - enfin sauf si toi aussi tu sors d’une de ces magnifiques usines à faire du fromage de tête) puis, parce que le savoir académique l’emporte toujours, fait jaillir du néant la "trop belle" idée de la certification. Un audit quelques autocollants posés ça et là et le tour est joué. Lorsqu’elle ne fait par rire "l’intelligence" fait peur...
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